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Proposition de loi - Mille ans d’histoire pour mille ans d’espoir - Normandie d’hier et de demain

Normands : Mille ans d’histoire pour mille ans d’espoir !

’ a furore Normannorum, libera nos domine ’

’ de la fureur des Normands, délivre nous Seigneur !’

Au dela de cette fameuse incantation, qui finira par entrer dans les oraisons jaculatoires, mettons nos pas dans ceux des premiers Vikings qui parcoururent nos régions menés par Rolf le marcheur, fils de Régnald le Riche de Norvège.

Armés de leurs seules ruses et énergies, chevauchant des navires aux capacités inconnues à l’époque, ils débarquaient par surprise auprès des monastères, abbayes, villes ouvertes où ils pillaient les trésors sacrés et profanes.

Repartis avec autant de célérité qu’à leur arrivée, leurs incursions durèrent de 820 à 911.

Cette année là, Rollon assiége Chartres. Impressionnés par la vue de la Tunique de la Vierge Marie, portée par Anselme, l’évêque accompagné d’hommes armés, les Normands abandonnent les lieux par une sage résolution et opèrent une retraite générale. Le moment lui parait opportun pour conforter ses acquits territoriaux. Il signe avec le roi Charles le traité de Saint-Clair-sur-Epte.

La Normandie est née.

Qu’étaient ils réellement ces ’ Barbares ’ qui ont laissé une telle empreinte dans l’inconscient collectif ?

A l’instar des pirates maures, qui embouquèrent le Rhône pour razzier Arles et autres lieux bien garnis, des Hongrois qui furent une des plus grandes plaies de l’Europe et de tant d’autres envahisseurs, les Scandinaves n’agirent ni plus ni moins violemment que leurs contemporains.

Deux faits essentiels leurs firent une réputation différente : les hommes d’Eglise furent les principaux témoins et victimes des raids, ce sont eux qui détenaient le savoir et l’écriture. Les lieux religieux étaient facilement accessibles et sans défenses ; leur tactique surprenante et redoutablement efficace ne les obligeait que rarement à rester longtemps sur place.

Ils apparaissaient et disparaissaient souvent avec une grande vélocité.

Leur intelligence et leur technique de ce type nouveau de combat, leur rapidité étonnante, leur connaissance du terrain, la plus souvent due à des marchands espions, angoissaient les populations riveraines des fleuves et des cotes ainsi que les combattants ennemis.

Peut-on s’imaginer la stupeur de ceux-ci, lorsqu’ils voyaient les normands sortirent leurs bateaux de l’eau, les traîner à terre sur un parcours de plusieurs milliers de pieds et les remettre ensuite dans le fleuve, ainsi qu’ils le firent en aval et amont, lors du siège de Paris ?

Leur maîtrise de l’art du combat n’avait d’égal que leur force athlétique et leur courage.

Au-delà de cette approche primaire, peureuse et irréfléchie, voire partiale de ce phénomène d’invasions, il faut prendre en considération les apports des Vikings : une véritable civilisation, une force de caractère, une vaillance hors du commun de l’époque, une volonté et une faculté d’adaptation qui en firent d’habiles organisateurs et fins politiques pour lesquels l’efficacité primait sur l’obstination stérile.

Les règles de conduite à l’usage d’un parfait viking reflète de très anciennes traditions exprimées dans le poème : ’ Discours Sublime ’.

Quelques unes démontrent que leur ardeur conquérante n’était pas motivée seulement par l’accaparement de richesses matérielles, mais recouvrait en réalité une véritable civilisation.

’ Celui-là seulement qui va au loin et voit beaucoup de chose peut savoir quelle humeur doit garder l’homme de bon sens ’

’ On n’est nulle part mieux que dans sa propre maison, si médiocre soit elle : chacun est maître chez soi.

’ N’eut-on que deux chèvres et une chaumière, c’est meilleur que de demander l’aumône. Le coeur saigne quand il faut supplier sa nourriture pour chaque repas.

’ Une grande intelligence est la meilleure provision que l’on puisse emporter avec soi ; elle est plus précieuse que la richesse en pays inconnu ; c’est la ressource de l’opprimé.

’ L’insensé veille la nuit entière à méditer sur tout ; vient le matin, il est fatigué et son souci n’est pas diminué.

’ Sois bon pour les malheureux ; leurs prières te porteront bonheur.

’ Les fils des hommes portent en leur sein un mélange de vices et de vertus ; personne n’est si parfait qu’il soit sans défauts, ni si mauvais qu’il ne vaille rien.

’ Rien n’est plus inutile que boire trop de bière. Car plus un homme boit plus il perd la raison. L’oiseau de déraison chante devant les ivrognes et leur dérobe leur âme.

’Quand j’étais jeune, j’errais seul dans le monde. Il me semblait que je devenais riche quand je rencontrais un compagnon de route. Un homme fait plaisir à un autre homme.

’Les richesses passent comme un clin d’oeil ; elles sont les plus inconstantes des amies. Les troupeaux périssent, les parents meurent, les amis ne sont pas plus immortels, tu mourras toi-même.

’Loue la beauté du jour quand il est fini, l’épée quand tu l’auras essayée, une vierge quand elle sera mariée, la glace quand tu l’auras traversée, la bière quand tu l’auras bue.

’ Ne te fie pas à la glace d’un jour, ni à un serpent endormi, ni aux caresses de ta fiancée, ni au fils d’un homme puissant, ni à un champ nouvellement ensemencé.

’Sois humain à l’égard de ceux que tu rencontres en route.

’Je t’en prie, sois circonspect mais pas trop.’

Les Francs accablés par les belliqueuses incursions des Northmen, de tant de calamités, convainquirent le roi Charles de négocier.

L’archevêque Francon, chargé de cette mission, rencontra donc Rollon. Il lui proposa tout le territoire maritime qui s’étend de la rivière l’Epte jusqu’à la Bretagne et la fille du roi, Gisèle, en contrepartie de la promesse de se faire chrétien, de la paix et de baiser le pied du roi. Il le fera faire par l’un de ses chevaliers, qui, mécontent de cette tâche, le lévera si haut, que le roi en sera culbuté.

L’an 912 du Verbe incarné, Rollon, parrainé par Robert duc des Francs, et ses compagnons d ’armes furent baptisés dans la Foi Chrétienne.

Il organisa alors le territoire concédé. Ses comtes et autres fidèles reçurent en récompense des terres, il honora Dieu en dotant les églises, notamment Sainte Marie de Rouen, Saint Michel l’Archange, édifiée au faîte d’un haut rocher à pic en dépit des périls de la mer, Saint Ouen dans le faubourg de Rouen, Saint Pierre de Jumièges et autres lieux saints.

Des lois immuables, établies en concertation avec les chefs et promulguées du consentement de ceux-ci les força à vivre dans la paix , les empêcha de se quereller et de se combattre. Imposées au peuple, appliquées avec rigueur, elles permirent le développement d’une longue période de confiance et de sécurité. Les fondements de la future et célèbre coutume de Normandie étaient posés.

Le duc entérine le système féodal qui servira de modèle au reste du royaume. Il a autorité sur le grand sénéchal qui lui-même l’aura sur ses comtes, puis eux-même sur les vicomtes, qui l’auront sur le prévôt, qui enfin, fera obéir les paysans.

Il régularise l’Echiquier : nom tiré de la couverture de drap divisé en carreaux qui recouvrait le siège.

Plus tard, le besoin et la soif de justice deviendront trop impérieux pour se contenter d’assises irrégulières.

En 1499, Louis XII institue un Echiquier Perpétuel.

Il deviendra Parlement par un édit de François Ier du 6 Février 1515.

Il recommande une justice d’une sévérité telle que le vol avait disparu du Pays de Caux, ce qui permettait, par exemple aux cultivateurs de laisser leurs charrues dans les champs.

L’autorité judiciaire devenait savante, ses moeurs et sa rigueur étaient le meilleur soutien des lois.

Dans tous les domaines de la vie politique Rollon et ses Comtes organisent, administrent : l’armée, la justice, la religion, l’activité agricole, marchande, maritime.

De son mariage avec Gisèle, fille de Charles le Simple, anecdote historique raconté par Dudon de Saint Quentin mais contesté par la plupart des historiens du fait d’une impossible concordance chronologique, aucun enfant ne naîtra.

Après son décès, il aurait repris Poppa la mère de son fils Guillaume.

Rollon, épuisé par les nombreuses tâches entreprises et menées à bien par ses soins, par les combats dans lesquels il engageait toute la fougue et la vigueur dont il était capable, jugea utile de préparer sa succession. Il fera proclamer son premier et unique enfant mâle son successeur sous le pseudonyme de Guillaume-le-Rothomagien.

Il le présenta aux grands de Normandie et leur donna l’ordre de l’élire pour leur seigneur et de le placer à la tête de leur chevalerie.

’ C’est à moi, leur dit-il, de me faire remplacer par lui, à vous de lui demeurer fidèles ’

Les comtes présents lors de l’assemblée d’intronisation placèrent leurs mains dans celles du jeune duc en formant un coeur qu’ils déposent.

Pour Rollon, Rouen, dénommé à l’époque ’Ruem’ tenait une place particulière dans son esprit, dans sa vie et pour l’éternité, c’était la capitale de son royaume.

Rien ne lui semblait plus important que de préparer sa dernière demeure en léguant cent livres d’or pur aux églises de Normandie et en encourageant le rapide achèvement de la magnifique cathédrale de Rouen.

Il put ainsi expirer en présence de ses chers comtes Normands et du clergé reconnaissant, en leur recommandant avec insistance de transporter son corps ’ en sa mère églyse de Ruem ’.

’ Raoul fut donc inhumé du costé droict en la cathédrale, dans la chapelle de Saint Romain ’.

Cette épitaphe l’honore :

’Raoul, ce fier conquérant, ce foudre de la guerre,

Qui parmi les combats trouvoit son élément,

Après s’être rendu maistre de cette terre,

Il la garde enfermé dedans ce monument.

O, grand Dieu, portez le dans le choeur de vos anges !

Honorez ses travaux d’un bienheureux séjour.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ’

La période des invasions et des principales conquêtes était terminée, celle de la construction de l’état normand s’ouvrait.

Parmi les domaines que Rollon s’était réservé, l’une de ses préférences allait à Fécamp, non seulement pour ses forêts giboyeuses et ses vastes prairies, mais encore pour sa plage d’échouage, véritable port naturel.

Son fils Guillaume, après lui avoir succédé en fera son séjour de prédilection. Plus connu dans l’histoire sous le nom de Guillaume Longue-Epée, il reportera les limites du duché aux abords de la Bretagne, sur les rives du Couesnon, grâce à l’appui qu’il avait su recueillir auprès de Raoul de Bourgogne, prétendant au trône de France. La mort de ce dernier le fera se rapprocher et devenir le protecteur du fils héritier de Charles le Simple, Louis IV d’Outre-mer.

Le 17 Décembre 943, il périra assassiné aux confins de la Normandie et de la Picardie. Le règne du second Duc de Normandie s’achèvera douze années après le décès de son père pour permettre à son fils Richard Ier de devenir maître de cette magnifique province, à l’age de 10 ans.

L’occasion était trop belle pour Louis IV, roi de France, nonobstant le fait qu’il trahissait ses engagements, de tenter de mettre la main sur la nouvelle province normande. Il fit donc prisonnier le tout jeune duc et enfermer à Laon.

C’était sans compter sur la fidélité et la loyauté des Normands à l’égard de leur Duc. Ils firent appel au nordique Setric, le roi de la mer, qui arma une flotte importante de drakkars pour sauver le duché. Richard entretemps s’évade, sollicite l’aide d’ Harald la dent bleue, qui débarque à Dives, puis gagne la bataille. Il fait, au surplus, prisonnier le roi franc qui sera enfermé à Rouen, puis à son tour, à Laon.

Cette victoire n’a pas été suffisante pour asseoir définitivement son autorité. Une nouvelle coalition mettant en cause sa légitimité s’organise. Il la maîtrise lors du célèbre combat dit de la Rougemare en 946.

La faculté d’adaptation des Northmen, leur intelligence des situations , le respect et l’adoption des usages locaux, vont faire évoluer les conquérants en habiles gestionnaires.

Une politique fine et loyale, face à l’inorganisation des Francs et à la décadence des Mérovingiens, puis des Carolingiens, va permettre au duc d’assurer ses positions et de faire de son duché une puissance incontournable.

Sa vassalité au roi de France ne l’empêchera pas de préférer, pour de nombreuses raisons, le titre de normand à celui de français.

Il créa un lien plus étroit avec la lignée capétienne en épousant Emma, fille du duc de france Robert de Paris, en 960. La confiance établie, il se verra confier la tutelle d’Hugues Capet.

Les difficultés rencontrées au début de son règne et surmontées firent bénéficier Richard Ier d’une admiration qui le parèrent de toutes les qualités.

Il sera même transformé en héros de légende, puisqu’il sera l’un des pairs de Charlemagne dans la Chanson de Roland. Ne fut-il pas surnommé Sans Peur, de telle sorte qu’on lui attribua des prouesses à l’encontre même du diable !

Il est brave, de bon conseil, est sollicité comme un sage et enfin a donné à son Etat une puissance et une considération inconnues à l’époque.

Fervent chrétien il favorisera par son soutien financier la cathédrale de Rouen, Saint Ouen, le Mont saint michel, Saint Wandrille, de nombreuses petites églises rurales, sera le restaurateur de l’abbaye de Montivilliers occupée par des bénédictines qui deviendra l’un des monastères les plus riches de Normandie.

Si Rouen bénéficie, entre autre, des sollicitudes du Duc, Fécamp occupe une importance particulière dans sa vie. Sa superbe forteresse dominait la ville et la petite église de la Trinité.

Emu par l’humble demeure de Dieu, il ne supporta pas plus longtemps la somptuosité de son palais et décida de faire édifier une vaste et grande église qui fut consacrée par l’Archevêque de Rouen, Robert, son fils, en 990.

Cette même année est chère au coeur des Valeriquais, puisque, par une chartre du 15 Juin, le hâvre de saint Valery en Caux fut concédé à l’Abbaye de Fécamp. Il restera dans son giron pendant près de huit siècles, jusqu’à la Révolution.

A l’ainé de ses fils, Richard, qu’il désigna son successeur en présence de sa Cour, il prononça une suprême recommandation : ’ Je veux que tu déposes ma dépouille mortelle, non dans l’intérieur de l’église, mais au-dehors, sous le larmier de la toiture, afin que l’eau qui en tombera lave toutes les souillures de mon corps. ’.

Le 20 Novembre 996 survint la Divine Rencontre qu’il avait préparé avec soin et humilité en sa bonne ville de Fécamp.

Mille ans.

La Normandie bénéficiait de solides assises pour prospérer et rayonner pendant des Siècles sur plus de la moitié du monde connu. La plus extraordinaire période de conquête de l’histoire de l’humanité avait commencé depuis les invasions romaines.

Richard II allait conforter l’oeuvre de son père. Bénéficiant de ses exploits et de la remarquable organisation mise en place, il sut se révéler un politique et un diplomate de grande qualité.

L’hommage d’un annaliste qualifie ainsi son règne :’Nul ne sut mieux conduire ses gens, ni les instruire ; nul se sut mieux obtenir la victoire et n’a plus haï la vanité’.

La Normandie vécut une époque prospère, bénéficiant d’une civilisation avancée et d’une administration supérieure, appuyée sur les barons normands, chefs militaires faisant également fonction de préfets, qui ont substitué l’ordre à l’anarchie.

Il n’est pas possible d’évoquer la mémoire de Richard II sans souligner sa grande piété qui lui fit réorganiser la vie monacale de l’Abbaye de fécamp en sollicitant le concours de Guillaume, abbé de Saint Bénigne de Dijon, pour y établir la règle de Saint Benoît.

Comblés de tant de magnificence et d’humilité, les Bénédictins de Fécamp donnèrent au prince le surnom de Père des Moines. Il put dans la paix de l’âme prendre ses dernières dispositions et remettre à son fils Richard la couronne ducale.

Enterré auprès de son père, sous le larmier de l’église, leurs restes furent exhumés, déposés dans deux coffrets de plomb.

La quatrième translation se déroula le 22 Juin 1947, toujours dans l’Abbaye de Fécamp.

Leur descendance fut prestigieuse puisqu’ils engendrèrent notamment : Guillaume le Conquérant, Richard Coeur de Lion, des Rois et reines d’Angleterre, de Castille ....

Fécondé par ce sang nouveau et généreux la Normandie allait se révéler une terre d’une richesse humaine exceptionnelle. Dans le même siècle, deux aventures extrordinaires prirent naissance en elle.

D’un petit village de la Manche, deux chevaliers pauvres, Tancrède d’Hauteville et son fils Robert Guichard partent en 1035 avec quelques compagnons à cheval vers l’Italie du sud. Redoutables guerriers, ils dominent leurs adversaires divisés. Robert devient après de nombreux combats victorieux, comtes des Pouilles en 1038.

Un second frère Roger le rejoint. Il sera Comte de Sicile.

Roger II son fils sera roi de Sicile le 24 Décembre 1130.

Là encore le génie Normand s’épanouira dans des constructions prestigieuses : chateaux, églises, cathédrales couvriront le Sud de l’Italie et la Sicile.

Mais une fois encore leur faculté d’adaptation et leur diplomatie fit merveille.

L’administration mise en place permit aux populations musulmanes, chrétiennes orthodoxes et romaines, juives, de cohabiter.

Ils laissèrent dans l’histoire une incomparable réputation de grands promoteurs des arts et de législateurs incomparables.

La seconde aventure extraordinaire du XI ème siècle fut entreprise par Guillaume le conquérant qui réussit à construire et réunir une flotte aux fins de conquérir l’Angleterre.

Elle se forma devant les côtes de Basse Normandie et se renforça au fur et à mesure qu’elle remontait vers la Baie de Somme.

Elle se regroupa à Saint Valery sur Somme d’où elle se dirigea vers les côtes anglaises après une longue attente des vents favorables.

Plus de mille bateaux chargés de près de vingt mille hommes, quatre mille cheveaux, de vivres pour bêtes et hommes, de vin, d’armes lourdes et légères, et même de deux tours aux charpentes préfabriquées prévues pour être montées au moment de la bataille.

La terrible rencontre des deux armées aura lieu à Hastings en 1066.

La victoire sur Harold, le félon, offrit à Guillaume le Conquérant, le royaume d’Angleterre. Il sera couronné roi le 25 Décembre 1066 en l’Abbaye de Westminster. Il deviendra l’un des plus puissants souverains de son temps.

Mille ans ! Mille ans d’histoire !

Depuis les invasions romaines et la pax romana, aucune page aussi glorieuse n’avait été écrite dans l’histoire de l’humanité de l’époque, limitée essentiellement au bassin mediterranéen et à l’extrémité occidentale du continent eurasien.

A la brutale rage de vaincre et de conquérir, avait succédée celle de construire une oeuvre non seulement monumentale, mais encore administrative, législative et surtout humaine. L’organisation normande a eu essentiellement pour objectif de permettre aux populations de vivre en paix, en sécurité, de se développer économiquement et socialement, quelques soient leurs origines, leurs religions.

Mille ans ! Mille ans d’espoir !

Une société qui n’a pas d’histoire est une société qui n’a pas d’avenir.

Notre histoire est exceptionnellement riche de toutes sortes de valeurs. Notre avenir peut être à sa mesure si nous valorisons les atouts que nous possédons.

Cessons d’attendre, des autres, d’en haut, d’en bas ou d’à coté. Prenons en mains notre destin, ayons confiance dans notre avenir, celui que nous préparons pour les enfants que nous avons procréés.

Nous nous devons de leur construire non des lendemains qui déchantent mais un avenir qu’ils devront maitriser lucidement et développer harmonieusement.

Les combats économiques ont remplacés les combats guerriers. La morosité stérile n’engendrera que la médiocrité, le renoncement, l’amenuisement de la force de vivre.

Les Normands avaient construit une oeuvre fantastique les armes à la mains, en se battant.

Plaise à Dieu que ce temps soit définitivement terminé.

Notre combat, celui de nos enfants pour l’avenir, devra d’abord se livrer dans nos esprits, afin de nous convaincre que nous possédons les valeurs, les forces nécessaires au développement d’une région unie et solidaire dans une Europe en paix.

’ L’Europe est un état composé de plusieurs provinces ’, disait Montesquieu.

Mille ans d’espoir dans l’homme, dans les valeurs humaines , dans la solidarité qui seront les nouvelles richesses à conquérir.

Nous sommes au carrefour de l’histoire.

En 996, à l’aube du second millénaire, Richard Ier transmettait à son Fils un duché en pleine construction. Il n’appréhendait pas l’angoisse du passage de millénaire.

La grande peur de l’an Mil n’a pas existé comme nous le concevons actuellement, aucun témoignage de l’époque n’en fait ainsi état. Ce serait une invention des Romantiques, bien postérieure, à moins que quelques uns ne se soient laissés impressionner par la symbolique des chiffres !

Mille ans d’espoir !

Un champ de mille ans s’ouvre devant nous. ! Riches des valeurs développées sur notre terre, nous sommes porteurs d’un immense espoir. Guerroyons contre les mentalités négatives, le défaitisme, l’irresponsabilité, la morosité.

’ Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme est de volonté.’ dit Alain.

Ayons confiance en nos forces, en notre détermination à vaincre l’obscurantisme afin de permettre aux générations que nous engendrons de croire en leur propre avenir, de développer les richesses humaines enfouies dans notre Histoire.

Le troisième millénaire sera humaniste ou ne sera pas.

Rendez vous en 2996, si Dieu le veut !

Daniel LEMOINE
Avocat à La Cour
Janvier 1997

Bibliographie

Documents de l’Histoire de la Normandie par Michel de Boüard.

Privat Editeur.1972.

Italies Normandes XIè-XIIè siècles par Jean-Marie Martin.

Hachette Editeur. Juin 1994. Collection La vie quotidienne. Civilisations et sociétés.

Les Empires Normands d’Orient par Pierre Aubé.

Perrin Editeur. Collection Hachette / Pluriel. Avril 1995.

Les Normands, Peuples d’Europe. M X X X - M C C .par un collectif, sous la direction de Mario d’Onofrio.

Flammarion Editeur. Novembre 1994. Catalogue publié en Fançais de l’exposition présentée à Rome de janvier à fin Avril I994.

Les Normands en Méditerranée. Presses Universitaires de Caen. Colloque de Cerisy-la-Salle des 24-27 septembre 1992. Actes publiés sous la direction de Pierre BOUET & François NEVEU. Imprimerie Corlet.

Les Vikings et la normandie par Jean Renaud.

Editions Ouest france Université. Novembre 1989.

Les Vikings par Régis Boyer.

Editions PLON. Décembre 1991.

Les invasions normandes en France par Johannes Steenstrup.

Editions Albin Michel. Novembre 1969.

Collection le mémorial des siècles établi par G. Walter.

Le Duché de NORMANDIE et son rattachement à la couronne de France. Catherine Grisel. Editions HORVATH. Reboul Imprimerie en novembre 1988.

IVème translation des restes des Ducs de Normandie RICHARD I er et RICHARD II par Dom LECROQ de l’Abbaye de Saint Wandrille.

Discours prononcé à cette occasion en l’eglise de la Sainte Trinité de Fécamp le 22 Juin 1947.

Imprimeries Réunies L. DURAND & Fils, Fécamp.

L’Abbatiale de la Trinité de Fécamp. Histoire. Visite. David BELLAMY et Françoise POUGE.Charles Corlet Editions. Mai 1992.

L’Abbaye Bénédictine de Fécamp par un collectif.

Ouvrage scientifique du XIIIème centenaire. 658 - 1958 .

Imprimerie L.Durand & fils à Fécamp en 1959.

GUILLAUME LE BATARD CONQUERANT. La Varende. Flammarion.

1er TR 1951.

Histoire du PARLEMENT de NORMANDIE par A. FLOQUET. Edouard Frères, Editeur à ROUEN. 1840.