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Proposition de loi - Mille ans d’histoire pour mille ans d’espoir - Normandie d’hier et de demain

Normandie d’hier et de demain

Normandie d’hier

An de grâce 911, Saint Clair sur Epte.

Un descendant des envahisseurs Francs remet à un envahisseur Viking les clefs d’un Duché nouvellement créé.

Acte éminemment politique, fruit d’une négociation qui pose les fondements d’une province dont la puissance et le rayonnement n’auront pas d’équivalent dans le monde occidental pendant plus de mille ans.

En deçà de l’Epte, Rollon et les siens.

De l’autre côté, Charles le Simple, Robert Ier duc de France, ancêtre des Capétiens, accompagnés de l’archevêque Francon.

La paix, pour des raisons différentes, était le seul but poursuivi par les uns et les autres.

Les rois carolingiens ne pouvaient faire face aux multiples problèmes auxquels ils étaient confrontés : la guerre civile, sans cesse menaçante, les séparatismes régionaux , essentiellement breton et gascon, les incursions répétées des hommes du Nord, principalement par les fleuves.

La concession territoriale était la solution la mieux adaptée aux circonstances. Elle permit la naissance de la Normandie initiale, complétée en 924 et 933, pour constituer la province dont les limites ne varieront plus notablement par la suite.

Les contreparties étaient sécurisantes pour le roi des Francs :Rollon et les siens défendreront le territoire concédé contre les bandes nordiques concurrentes, la protection de l’extrème occident du royaume était désormais assurée, la fidélité des Ducs permettra même de sauver le trône royal lorsque les périls deviendraient de plus en plus menaçants et que son occupant solliciterait aide et secours.

Certaines des principales qualités des Normands trouvèrent dès cette époque leurs assises, telles : la fidélité à l’engagement pris, l’honnêteté intellectuelle et morale, la loyauté à l’égard du pouvoir central, même si de temps à autre quelques barons ou autres féodaux cherchaient à trouver un intérêt personnel dans la rébellion ou lorsque les rois jaloux de la gloire , de la puissance et de la richesse de leur vassale n’auraient de cesse de tenter de capter les fruits de son ingéniosité et de son ouvrage.

Terre de liberté, l’histoire ducale et royale de la Normandie ne sera qu’une longue et incessante lutte pour garder cette liberté qui lui a coûté tant de sang et de larmes.

Cette belle épopée, cette autonomie qui dura près de trois siècles s’éteindront, après avoir laissé des traces indélébiles tant en Angleterre que dans les pays du pourtour Méditerranéen.

Année 1204, Philippe Auguste prend d’assaut la forteresse de Château-Gaillard.

La Normandie est rattachée au domaine de France.

Une nouvelle aventure commence pour ce joyau de la couronne car elle gardera les traits dominants de sa personnalité, certaines de ses institutions, mais surtout sa Coutume à laquelle elle restera profondément attachée comme s’il s’agissait de son âme.

L’intégration au royaume Capétien se fit sans heurts majeurs, grâce à l’intelligence politique de Philippe Auguste qui comprit tout de suite qu’il convenait de préserver l’originalité du Duché, aussi bien dans ses institutions que dans son droit coutumier, rédigé dès 1250 environ, sous le titre de :’ Grand Coutumier de Normandie ’.

C’est dans ces circonstances que se pérennisa l’un des traits les plus marquants et attachants du caractère Normand : l’esprit de conquête, qui se manifestera, sous de nouvelles formes désormais, tant dans sa faculté de s’adapter et d’assimiler, que dans celle d’ intégrer les situations nouvelles qui s’offrent à lui.

La Normandie vit désormais à l’heure française. La France va bénéficier à son tour de l’esprit d’entreprise, des ambitions et de l’industrie des Normands.

Marchands et artisans conquièrent Paris et font du couloir Séquanais une voie de circulation intense des marchandises, dont une grande partie est exportée.

L’Université de Paris créée sous Philippe Auguste est constituée de quatre ’ Nations ’ dont la Normande, qualifiée de ’ vénérable ’, selon le vocable officiel. Elle attire dans la capitale l’élite intellectuelle de la jeunesse.

La loyauté dont la province fait preuve inspire la plus grande confiance à tel point que certains atteignent aux plus hautes fonctions, tels : le Comte d’Eu qui devient connétable en 1325, Enguerran de Marigny qui participe au gouvernement comme grand conseiller....

La fixation de l’Echiquier par Philippe le Bel, en 1302 à Rouen, ne pouvait qu’être appréciée par la population qui voyait là une manifestation sans équivoque de la volonté royale de préserver l’originalité normande. Il demeurera la principale autorité de la province et pourra continuer à assumer ses fonctions administrative, financière, judiciaire et même policière.

Une constante que l’on retrouvera, quels que soient les événements et les aléas de l’histoire, reste toujours présente dans la vie Normande : c’est le lien avec les Iles britanniques, entretenu soit par les voyages réciproques, soit par les alliances, quand ce n’est pas par les conflits.

L’objectif recherché par le roi des Francs, protéger l’ouest du royaume des incursions des Vikings en concédant la Normandie, avait donc été atteint grâce à cette habile politique.

Le roi des Anglo-saxons se trouvait dans une position tout à fait différente. Non seulement les raids des hommes du Nord avaient repris, après 911, mais encore il pouvait craindre des velléités d’aide des Vikings établis au Sud de son royaume, à leurs congénères encore animés de l’esprit de conquête de leurs ancêtres.

Le roi anglais Ethelred II entra donc en négociation avec le duc de Normandie Richard Ier et aboutit à un accord de neutralité en 991. Il fût réitéré par Richard II en 1002 et scellé définitivement par le mariage de sa soeur Emma avec le roi d’Angleterre.

Cette alliance allait plus tard changer la face du monde. Guillaume, petit neveu d’Emma, se considérait légitime héritier de la couronne d’Angleterre du fait de la vacance de celle-ci. Le roi Edouard le Confesseur, sans héritier direct avait vraisemblablement fait appel au Bâtard pour qu’il assure sa succession. Harold, fils d’un puissant seigneur avait également rencontré Guillaume en 1064 et l’avait assuré de son soutien.

Après la mort d’Edouard, le 5 Janvier 1066, il se fit néanmoins élire et couronner roi à Westminster trahissant sa parole donnée.

Son triomphe fut bref.

En quelques mois, Guillaume fit construire et réunir une flotte considérable, envahit l’Angleterre et se fera couronner roi à Noël de la même année, dans cette même abbaye de Westminster.

Depuis, l’empreinte laissée par les Normands parmi les Anglo-saxons sera forte et indélébile. Pendant près de trois siècles la langue officielle sera le Normand, parler empreint de latino-français , de tournures et expressions idiomatiques locales. Désormais, elle sera l’un des fondements de l’Anglais actuel.

A la Normandie ducale succédera donc la Normandie royale. Française, elle voudra, quels que soient les évènements, garder sa personnalité construite par les remarquables politique et administration de ses ducs.

Néanmoins, plus d’un siècle et demi de vie commune, d’acquisitions, de dévolutions successorales, d’échanges de toute nature, d’implantations réciproques avec les anglo-saxons, laissera des traces ineffaçables .

Au gré des ambitions, des dissensions et des amours, les rapports seront consensuels ou conflictuels. La guerre de cent ans, sera le paroxysme de la haine déchainée par les uns, entretenues par les autres au nom le plus souvent d’appétits personnels et intéressés notamment royaux puisque les rois d’Angleterre et de France se disputaient la terre normande.

Epuisée, ensanglantée, ruinée, la Normandie ne voulait plus ni guerre ni Anglais, elle n’aspirait qu’à la paix, celle que Jeanne la pucelle voulait en boutant hors de France l’Anglais.

En cette deuxième moitié du quinzième siècle, aux ruines de la guerre s’ajoutait la peste qui décimait une partie de la population qui avait échappé à la mort par les armes.

Exsangue une fois de plus, le pays devait encore faire face à une reconstruction de son économie.

A nouveau et sans relache, le courage et la capacité de la population normande aidée de gens d’autres régions et pays : tels Néerlandais ou Allemands, permirent aux survivants de se remettre courageusement à l’ouvrage. Le roi qui surchargeait la Province d’impôts et de taxes à tel point qu’elle contribuait pour plus d’un quart, quelquefois, au budget du royaume, exempta d’une manière jugée insuffisante et limitée certaines villes, Rouen et Dieppe en particulier.

Le développement industriel repartit, notamment celui du textile et de la petite métallurgie. Le redressement de l’économie rurale fut plus long mais la désertification humaine avait été telle que l’évolution ne pouvait se faire que progressivement.

La vocation commerciale de la région se réaffirme plus que jamais. Rouen sera la rivale d’Anvers, les liens avec Paris par la Seine permirent aux grands circuits européens de transiter par la Normandie. Des Néerlandais, des Ecossais, des Espagnols, des Portugais et même quelques Italiens, dans la finance par exemple, se fixent sur son sol.

Des Normands parcourent toute l’Europe pour commercer ; on en rencontre à Londres, à Bruges, à Anvers, Lisbonne, Séville, Alicante, Madère... Des navires de Honfleur rapportent vins et fruits de Messine et de Naples, d’autres de Cherbourg transportent du vin de Bordeaux à destination d’Edimbourg...Rouen redistribue pour la France du Nord et l’Angleterre les épices, la cannelle, le sucre, l’ivoire de Guinée, le bois du brésil.

La construction navale se développe dans tous les ports de la Seine et de l’estuaire.

Mais il n’est de richesse que d’hommes !

L’esprit d’aventure et de conquête n’est pas éteint dans l’âme normande.

Les XV et XVI siècles verront de nombreux marins entreprendre des courses lointaines, découvrir et créer des liens commerciaux avec l’au-delà des mers tels : Jean de Béthencourt natif de Grainville la Teinturière qui découvrit les Canaries, Binot Paulmier de Gonneville qui explore les côtes du Brésil en partant d’Honfleur ainsi d’ailleurs que Jean Denis qui fit en 1504 un voyage de reconnaissance dans la baie du Saint Laurent trente ans avant le malouin Jacques Cartier, Jean Ango le célèbre Dieppois qui reçoit François 1er à Dieppe et confiera aux célèbres frères Parmentier, La Pensée et le Sacre pour tenter d’atteindre la Chine.

Après un an de navigation les navires reviendront à leur port d’attache après avoir passé le Cap de Bonne Espèrance, débarqué à Madagascar, aux Comores, Maldives et enfin à Sumatra...

Et tant d’autres....

Malheureusement un nouveau drame menaçait la terre Normande, après l’horrible guerre de cent ans, l’hydre des conflits religieux commençait ses exactions. Les Normands avaient accueilli la réforme avec bienveillance plutôt pour tenter de préserver leur liberté menaçée par l’envahissante tutelle Papale que par souci de rigueur ou d’ascétisme comme les populations de Sud Ouest.

« L’Humeur raisonneuse de la Normandie accueillit d’abord la réforme, puis il semble que le génie artiste et idéaliste de cette ingénieuse contrée ait réagi contre le Calvinisme » disait Henri Martin dans son histoire de France.

Les ravages de cette nouvelle guerre civile furent considérables et leurs séquelles incalculables, tant sur le plan matériel, mais cela peut en grande partie se reconstituer, que sur le plan humain, mais cela est irréparable : 141.000 morts et au moins autant d’émigrés qui iront faire bénéficier de leur savoir et de leur industrie l’Angleterre, l’Allemagne, la Hollande et l’Amérique du Nord.

La révocation de l’Edit de Nantes, le 24 Octobre 1685, ne fut pas le seul acte politique des XVII & XVIII èmes Siècles aux conséquences catastrophiques : le poids de la fiscalité sans cesse renouvelé, aggravé, va entraîner des révoltes sanglantes et mortelles. Certains émeutiers de Caen et de Rouen avec l’aide des bourgeois et des soldats s’uniront pour massacrer les collecteurs d’impôts.

Un rapport établi en 1697 par un intendant du roi est parfaitement clair :

« La misère et la pauvreté sont au-delà de ce que vous pouvez imaginer, et principalement dans le pays de Caux qui est le long des côtes de la mer. Une infinité de peuple y meurt fréquemment de la faim. Beaucoup se sont voulus retirer à ROUEN. On ne peut les y recevoir, la ville étant accablée et surchargée de pauvres : il y en a vingt et un ou vingt-deux mille à recevoir journellement l’aumône... »

L’acharnement viscéral des Normands pour préserver leur liberté a pendant toutes ces périodes de domination royale eu un défenseur et un porte drapeau éminents dans le Parlement de Normandie.

Le pouvoir royal ne s’y était pas trompé en employant tous les moyens possibles pour le faire plier : la politique, les menaces, la force, les armes, la suppression pure et simple, et le plus déloyal de tous : créer et organiser la division de la Province en deux parties rivales ou d’obédiences différentes.

Henri III, par lettres-patentes, fit transférer le Parlement de ROUEN à CAEN, en février 1589. Il y restera jusqu’en Avril 1594, date de la fin de son exil.

Le paroxysme fut atteint lorsque le chancelier Maupeou fit procéder en 1771 à la suppression du Parlement et le remplace par deux conseils supérieurs, l’un à Rouen, l’autre à Bayeux.

Le Manifeste aux Normands répond à cette violente attaque dénonçant la trahison royale qui supprime les privilèges et libertés concédés au Duché depuis Philippe Auguste. La réplique vint par des « lettres de cachet » aux fins de museler et emprisonner ceux qui protestaient.

Quelques années plus tard, Louis XVI rétablira les Parlements régionaux leur demandant en outre la réunion des Etats provinciaux aux fins de traiter des affaires locales et de joindre ces études aux Etats Généraux en ce qu’elles concerneront également les affaires nationales. Un véritable courant fédéraliste apparaît en réaction à la politique centralisatrice des Capétiens.

L’histoire du Parlement de Normandie se confond intimement avec celle de la province, il fut le garant de l’unité de la Province, du maintien de la personnalité et du génie normands, mais surtout de sa chère liberté.

La révolution vint mettre fin à cette si riche et attachante histoire de telle sorte que cette Institution qui avait défié toutes les agressions et tous les pouvoirs disparut définitivement.

La période républicaine de la Normandie est trop dense, féconde et généreuse pour ce qu’elle a donné à la France et au Monde de grands hommes et de génies pour que nous puissions l’aborder maintenant.

Aujourd’hui, quelle Normandie ?

La notoriété, la puissance évocatrice de son nom et de son histoire face à l’Europe et au Monde restent intactes.

Mille ans d’histoire commune avaient créé un pays dont l’unité, la richesse humaine, spirituelle et matérielle étaient connues dans le monde entier.

L’amenuisement du goût d’entreprendre, de la volonté de réussir, de la rage de vaincre la difficulté et l’adversité, peut, entre autres, être un motif des médiocres performances, résultats, avancées sociales et économiques actuelles.

La Normandie contemporaine, surtout les départements de Seine Maritime et de l’Eure connaissent l’échec, le pire, celui qui recouvre le chômage et le suicide.

On peut rechercher l’une des raisons essentielles de cette situation dans la partition de la province normande en deux régions administratives qui a brisé l’identité, l’âme de cette merveilleuse province..

Fils de Vikings, qu’avons nous fait de l’esprit de conquête ?

« Rien de grand ne s’accomplit dans le monde sans passion » nous dit Hegel dans son introduction à la philosophie de l’histoire.

Qui peut prouver aujourd’hui que la division est préférable à l’union ?

Qui a intérêt à la séparation ?

Nous devons sortir de cette structure déjà vieillie qui appartient au passé, décrétée sans aucune justification de l’intérêt social et économique de la population qui vit sur cette terre dont chaque arpent est chargé d’histoire et de richesse et ce, sans, bien sûr, qu’elle soit consultée.

La régionalisation votée par les lois de la République, oui, elle est nécessaire et utile !

La sous-régionalisation qui divise la famille Normande, non, elle n’a aucune justification de quelque nature qu’elle soit !

Nous devons à l’aube du XXIème Siècle et du troisième millénaire entreprendre et construire pour les jeunes la refondation de la Normandie afin qu’elle puisse avoir dans l’union des provinces Européennes la place qu’elle mérite et trouver également des débouchés dans l’inéluctable évolution vers la mondialisation.

A l’aube de l’économie planétaire la France est divisée en vingt-six régions. L’hypertrophique région Ile de France, bien que l’une des trois plus petites accumule 19 % de la population, 29 % du produit intérieur brut, 51 % des chercheurs

Elle ne cache d’ailleurs pas ses ambitions, en nourissant plusieurs projets. Dans l’un, elle ferait de la partie orientale de la Normandie un élément de la « Grande Banlieue » afin de recevoir les activités polluantes, dévoreuses d’espace, peu qualifiées et de servir de zone de transit pour véhiculer, conditionner les produits nobles fabriqués par la région parisienne et les expédier au-delà des mers.

On recense dans la seule région administrative de haute normandie 48 établissements classés Sévéso, la Seine, ce joyau dans un écrin de verdure , site inspiré et sanctifié, honoré des plus prestigieux monuments monacaux, est devenue un égout.

La terre normande reçoit, entre autres activités polluantes et dangereuses, quatre raffineries représentant le tiers de la capacité nationale, trois centrales nucléaires, une usine de retraitement de déchets atomiques, la plus grande du monde, qui génére des déchets dont certains ont une durée de vie de plusieurs milliers d’années laissant à nos enfants le soin de .......................

Nos frères bretons et les consommateurs Franciliens les ont refusées quelquefois violemment, chez eux.

« Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » nous rappelle très opportunément Saint-Exupéry.

Que leur laisserons nous ?

Que représente chacune des sous régions normandes actuelles :

Que représente la Normandie :
- en surface : 29.906 KM2 c’est à dire la huitième plus importante région de France.
- en population : 3.027.000 habitants soit la septième région de France devant la Bretagne.

Parmi les Pays de l’Union Européenne le Luxembourg compte 0,4 millions d’habitants, l’Irlande 3,6 , la finlande 5,1 , le Danemark 5,2 .

De toute éternité l’union a été vantée au détriment de la division.

Aurions nous raison contre tous ?

L’union ferait elle partout la force sauf chez nous ?

Pourquoi, alors, vouloir l’union des Provinces Européennes, être convaincu que seule notre appartenance à celle ci pourra nous permettre de nous développer dans la paix et dans une structure favorable à l’épanouissement de nos qualités intrinsèques dans une mondialisation inéluctable même si elle est dominée actuellement par l’Amérique ?

Serions victime du syndrome de l’une des exceptions françaises qui consiste à vouloir envers et contre tout et tous avoir raison pour le meilleur profit de nos rivaux ?

A qui profite la division ?

Pour changer l’avenir : ’ Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse être érigée en loi universelle ’, conseille Kant dans la critique de la raison pratique.

Demain, quelle Normandie ?

L’humanisme est la véritable richesse. L’avenir de la Province ne peut s’envisager que par les hommes, avec eux et pour eux.

Terre d’accueil, c’est la multiplicité et la variété des individus qui ont choisi d’y vivre à travers les siècles qui ont fait la richesse de la Normandie.

Aujourd’hui, n’est elle pas honorée par la présence du président de la République du Sénégal, Léopold SENGHOR, le plus Normand des Normands d’adoption, membre de L’Académie Française, et de celle des Sciences, Belles Lettres et Arts de Rouen.

Ce créateur de la ’ Normandité ’ n’est il pas le symbole de l’hospitalité que les Normands savent réserver à ceux qui les aiment. Il range ceux-ci dans l’ethnotype des Extravertis, caractérisés par une rationalité objective, c’est à dire qu’ils attachent plus d’importance à l’objet qu’au sujet : au toi qu’au moi.

Qui peut, en ce moment mieux que ce Normand d’adoption, les comprendre, les aimer, parler d’eux ?

La Normandité dit-il, est une symbiose entre les trois éléments majeurs, biologiques et culturels, qui composent la civilisation française : entre les apports pré-indo-européens, celtiques et germaniques. Le normand et plus particulièrement l’artiste, est un créateur intégral.

Avec de telles potentialités, forces, pourquoi ne pouvons nous pas surmonter l’échec, mettre fin à la division, bâtir un avenir ensemencé des richesses de notre passé ?

Tocqueville, dont la pensée de ce créateur de la démocratie moderne est actuellement une lumière pour les plus grands de ce monde, avait peut être trouvé l’une des raisons et nous n’avons pas écouté sa mise en garde : ’ Le grand péril des âges démocratiques, soyez-en sûr, c’est la destruction ou l’affaiblissement excessif des parties du corps social en faveur du tout. Tout ce qui relève de l’individu est sain ’.

Sa terre natale du Cotentin, sur laquelle est érigée le château de Tocqueville, est devenue un lieu de pélerinage présidentiel et ministériel par les visites de Messieurs, Giscard d’Estaing, Mittérand, Peyrefitte, Badinter... ?

Défions nous de la centralisation qui est pour lui l’autre nom redoutable de la Démocratie et est la manifestation de sa tendance la plus néfaste à accroître sans relache le domaine du pouvoir étatique au préjudice de l’indépendance individuelle.

Le destin de la Normandie ne se trouve donc t-il pas dans une construction intermédiaire à dimension humaine, suffisamment forte, puisqu’unie, pour garder sa personnalité dans un plus vaste ensemble ?

Il est écrit dans l’histoire.

Retrouver ses racines, sa famille d’origine, ne sont elles pas les meilleures sources auprès desquelles nos enfants pourront puiser les forces qui les feront avancer demain ?

La Normandie est divisée en deux régions depuis 1955. Les lois de décentralisation et l’élection qui en résultait ont donné aux régions la possibilité de prendre de l’autonomie et de se voir attribuer des compétences nouvelles

Au delà de la symbolique des chiffres, an 2000 : commencement du XXI siècle et du troisième millénaire, nous nous devons de réfléchir au monde que nous laisserons à nos enfants.

Normandie, terre de liberté !

Cette consécration a été acquise dans le sang, les larmes et les ruines.

Extraordinaire ironie de l’histoire !

Elle qui s’est battue pendant plus de huit siècles pour sa liberté, sa personnalité, son génie, elle a été sacrifiée sur l’autel de la liberté du monde en accueillant la plus formidable armada de tous les temps.

La Normandie de demain doit d’abord et avant tout être le symbole de la liberté, de toutes les libertés, non seulement dans son combat quotidien pour surmonter les échecs actuels mais encore dans l’image qu’elle projette dans le monde entier.

Sa place dans l’histoire et dans le monde nous oblige à participer activement à toute oeuvre de paix.

N’oublions pas que c’est son sol qui a vu naître, entre Cherbourg et Barfleur, au milieu du XVIIème Siècle, l’abbé de Saint Pierre , l’auteur du Projet pour rendre la Paix Perpétuelle en Europe. Membre de l’Académie Française, son éloge sera prononcé par le grand d’Alembert et son dernier souffle sera recueilli par Voltaire, seul auprès de son lit de mort, après avoir été exclu de l’entourage du Roi Soleil à cause des vérités dites et de l’impudence des propos.

La paix, celle que nous connaissons depuis plus d’un demi-siècle est un nouvel héritage que nous ont laissé ceux qui sont venus sacrifier leur vie sur le sol normand pour libérer le monde occidental du joug totalitariste .

La construction européenne a servi à la conserver et nous devons oeuvrer pour qu’elle vive longtemps, très longtemps afin que nos enfants puissent ne pas connaître autrement qu’à travers le devoir de mémoire ce que nos parents et nous mêmes avons endurés .

Quelle Europe devons nous essayer de leur construire ?

Celle de Kant qui proposait un projet d’union fédérale.

Celle de Washington qui écrivit à La Fayette : ’ un jour, sur le modèle des Etat-Unis d’Amérique, se constitueront les Etats-Unis d’ Europe ’.

En 1985, le Président Edgar Faure a animé le mouvement de création de l’Assemblée des Régions d’Europe.

L’importance des Régions est reconnue pour la définition des politiques communautaires, certaines ont même établies des délégations à Bruxelles.

Il faut continuer de promouvoir même en se montrant tenace la régionalisation dans la communauté européenne. Un Comité des Régions politiquement fort sera un instrument efficace pour collaborer et influer sur les décisions à prendre pour chaque européen.

N’ y a-t-il pas dans ce nouvel espace une place éminente pour une Normandie forte et unie à l’élaboration de laquelle doit être intégrée une jeunesse que l’on ne tient que trop à l’écart des projets et des décisions.

Cette jeunesse issue de Parents qui ont choisi la terre Normande pour vivre ne doit elle pas être associée à tout ce que se conçoit, s’élabore, se décide, pour son plus grand bien, sommes nous persuadé, mais sans avoir expliqué, consulté, demandé d’avis !

N’y a-t-il pas là un formidable challenge qui motiverait un certain nombre à ne plus considérer leur avenir comme un fatalité ?

La faculté de Caen, crée en 1432, massacrée, ruinée, humiliée par la perte de sa mémoire composée de plus de 300.000 livres accumulés au cours des siècles, en 1944, renaitra de ses cendres pour accueillir aujourd’hui 27.000 étudiants et plus de 1.000 enseignants-chercheurs.

N’est-ce pas, à l’heure actuelle une grande leçon d’optimisme pour la Normandie ?

Ne devons nous pas rayonner de foi dans l’avenir, montrer que non seulement l’union fait la force, mais encore que nous possédons encore en notre sein l’esprit de conquête de ceux qui ont fait la prospérité de la terre normande ?

Ces conquérants, Vikings puis Normands, merveilleux et stupéfiants marins qui n’ont eu de cesse de naviguer, conquérir, puis commercer, bouger, se lancer au-delà des mers pour découvrir, vivre, négocier, créer des routes économiques ne nous montrent-ils pas la voie que des générations de terriens ont laissée inculte ?

La terre normande bordée d’une longue façade maritime doit retrouver sa vocation essentielle, peut être génétique, de conquérant maintenant social et économique de la voie fluviale et de l’espace océanique.

Des idées et des projets existent : Estuaire 2015, Port 2000, Porte Ouest de l’Europe, l’arc Manche , l’arc Atlantique....

Notre région est idéalement située pour jouer un role mondial dans l’industrie, le commerce, le transport, géographiquement, sa situation la favorise par rapport à la Belgique, la Hollande ou l’Allemagne du Nord, ne laissons pas passer notre chance.

’ Pénétrez vous de la pensée que le Havre est appelé à rivaliser avec les ports de l’Europe les plus renommés, il doit détourner, au profit de la France, une partie du commerce d’entrepôt dans lequel se sont enrichis les villes hanséatiques et les ports de Hollande ’ disait Napoléon en visitant le Havre en 1802. Deux siècles de retard ne nous suffisent-ils pas à nous décider et à agir ?

Ces projets intègrent complémentairement, Caen, Cherbourg, Dieppe, Fécamp. ’ Ils ne peuvent concerner que la seule Haute Normandie. On est plus fort à deux. Et c’est pourquoi la région Basse Normandie est associée de très près aux travaux..., déclare le président de la Commission Communication de la Basse Normandie..

’ Ports : les Normands conjuguent leurs efforts ’ titre Paris Normandie, les présidents des régions viennent d’administrer la preuve qu’ils ne sont pas incapables de travailler ensemble poursuit l’article.

’ Odia, une nouvelle scène la Normandie,’ titre le bulletin de la Chambre de Commerce de Rouen qui explique dans le sous-titre ’ une grande première culturelle qui prouve qu’avec un peu de bonne volonté, les deux régions peuvent s’entendre et s’unir sur le long terme ’ ! Nouvelle stupéfiante !

’ Il n’y a que la volonté qui manque aux hommes pour se délivrer d’une infinité de maux ’, écrit Leibniz à l’Abbé de Saint Pierre en 1715.

Un immense espoir semble poindre, certains redécouvrent les vertus de l’union, une prise de conscience se fait jour, l’avenir, celui de nos enfants passe inéluctablement par le rejet de la division, et la refondation par la réunion, ’ les retrouvailles ’ dit-on, ici.

L’unité de la Normandie, n’est pas une utopie, une obsession de quelques nostalgiques, elle est une réalité qui a toujours habité le coeur des populations, c’est l’avenir de nos enfants et de leur descendance.

An de grâce 2004 ou 2011.

En deçà de la Seine Robert Ducrorec dit Rolf le gagneur accompagné des conquérants sociaux-économiques de la société civile.

Sur l’autre rive, Louis Chipin, Président de la République Française accompagné de ses conseillers.

Devant eux se dresse le plus grand pont du monde, chef d’oeuvre de l’art moderne et de la technologie.

Symbole de l’unité de la Normandie, trait d’union entre deux terres normandes.

Ils s’avancent jusqu’au centre de l’ouvrage d’art, paraphent le pacte de réunification de la Normandie qui deviendra pour l’histoire le traité du Pont de Normandie.

La Province voyait alors s’ouvrir un immense champ de conquêtes sociales et économiques que les forces vives de la région désormais réunie vont entreprendre de développer, associées à une jeunesse qui veut croire en l’avenir auquel elle participera et qu’elle se forgera.

’ Etre jeune, dit Thomas Mann , c’est...pouvoir se dresser et secouer les chaînes d’une civilisation périmée, oser ce que d’autres n’ont pas eu le courage d’entreprendre....’

Daniel LEMOINE
Avocat à la Cour d’Appel

Bibliographie sommaire.

LES FRANCS. A la conquête de la Gaule. Patrick Périn et Laure Charlotte Feffer. Collection Civilisations. Juillet 1987.

La Normandie. Anthologies Illustrées. Les Provinces Françaises.

Henri Prentout. Lib. Renouard, H.Laurens, éditeur. Paris 1923.

L’Aventure spirituelle des NORMANDS. Paul Sérant. Editions Robert Lafont. 2 ème TR. 1981.

Les Ducs de Normandie et les rois de France. Alain de Sancy. Editions Lanore-Sorlot. 1996.

LA NORMANDIE sous la Monarchie Absolue. Arsène LEGRELLE. Collection nouvelle revue d’histoire dirigée par Jacques ENFER. BARRE & DAYEZ Editeurs. 1er TR 1993.

Eloge de l’Abbé de Saint-Pierre. 1775. D’Alembert. Bibliothèque de Philosophie politique et juridique. Textes et Documents. Centre de Philosophie politique et juridique. Université de Caen. Presses Universitaires de Caen. 1993. Sous la direction de Simone GOYARD-FABRE.

Observations sur le Projet de Paix Perpétuelle de l’Abbé de Saint- Pierre. 1715. Autres références idem que précédant.

La France et ses régions. Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques. Direction Générale. Edition 1997.

Le Guide Economique de la Normandie. C.I.C. Banque C.I.N. Editions du P’tit Normand. 7ème édition 1995 et 8 ème 1997.

L’Europe contre la mondialisation. Changer l’avenir. Gérard FUCHS. L’Harmattan. Corlet Nov 1996.

Pourquoi l’Europe ? Les dossiers de l’histoire. Revue bimestrielle. Mai-Juin 1979 N° 19.

Etudes Normandes. Revue Trimestrielle. N°2 - 1986.

Léopold S.SENGHOR et la Normandie.

Idem N° 3. 1993. Patrimoine Normand .Notes et Chroniques. Quel contrepoids à l’attraction Parisienne ? F.J.GAY .

Magazine trimestriel du Conseil Régional de Basse MORMANDIE. Plus particulièrement les Numéros 25 et suivants.

Le journal du Calvados No 49 . Octobre 1997.